Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.
Bruxelles.—Imprimerie Alfred VROMANT
HISTOIRE
DE
FLANDRE
PAR
M. KERVYN DE LETTENHOVE
TOME SECOND
1301-1383.
BRUGES
BEYAERT-DEFOORT, ÉDITEUR
1874
HISTOIRE DE FLANDRE
1301-1304.
Luttes héroïques des communes flamandes.Batailles de Courtray, de Zierikzeeet de Mont-en-Pévèle.
A peine le roi de France était-il sorti des remparts de Bruges,que déjà les murmures des corporations protestaient contre l'orgueildes vainqueurs et les humiliations réservées à la Flandre.
Un bourgeois du métier des tisserands, nommé Pierre Coning,se place à la tête de la résistance. Pauvre et d'une naissance obscure,déjà chargé d'années, borgne et de petite taille, il n'offre dans sapersonne que l'extérieur le plus vulgaire; mais quoiqu'il ne sachepoint le français, il parle la langue flamande avec une éloquenceirrésistible. Pierre Coning accuse à haute voix l'ambition desmagistrats de Bruges, et associe à ses plaintes vingt-cinq chefs demétiers: cependant les magistrats ordonnent qu'ils soient arrêtéset Coning avec eux; mais le peuple tout entier s'assemble entumulte et brise les portes de leur prison.
Le nouveau gouverneur de la Flandre, Jacques de Châtillon, étaitabsent: après avoir passé avec le roi neuf jours au château deWinendale et quatre jours à Ypres, il l'avait accompagné jusqu'àBéthune, quand le bruit de l'émeute des Brugeois le rappela précipitamment.Il se hâta de réunir cinq cents chevaux et se dirigeavers Bruges. Toutefois, il craignait d'en trouver les portes ferméeset de se voir réduit à former le siége des remparts qui avaient étéélevés deux années auparavant par les soins des Français. Il avait 2résolu de rester à quelque distance de la ville jusqu'à ce qu'unsignal convenu (ce devait être le son d'une cloche) l'avertît que lesmagistrats et le sire de Ghistel