M. Witte,
M. WITTE, PLÉNIPOTENTIAIRE RUSSE POUR LA PAIX
interviewé par un représentant de la presse, au seuil du ministère desAffaires étrangères, quai d'Orsay.
M. Witte a fait, sur la route de Saint-Pétersbourg à Washington, unehalte de quelques jours à Paris. M. Witte, sur qui tous les regards del'univers civilisé sont fixés en ce moment, est d'une simplicitéextrême: il se rend à ses visites officielles confondu parmi lespiétons, ou il prend un modeste fiacre à taximètre. Mais cela nel'empêche pas d'être, comme tous les personnages en vue, pressé etsollicité par les reporters et les interviewers, fidèles serviteurs del'indiscrétion professionnelle. Et c'est ainsi qu'à l'issue de sapremière entrevue avec notre président du Conseil M. Rouvier, lereprésentant d'un de nos confrères quotidiens se trouvait là, sur leseuil du ministère des Affaires Étrangères, pour arrêter au passage etinterroger sans façon le célèbre homme d'État étranger... tandis qu'unphotographe de l'Illustration, arrivant sur ces entrefaites, prenaitle curieux instantané de cette scène inattendue.
Concours du Conservatoire. La vraie «grande semaine» de l'été parisien.Mais on a voulu l'entourer de plus de faste qu'autrefois, cette «grandesemaine», et c'est dans un vrai théâtre, ouvert aux curiosités de milleintrus, que les rites en sont à présent célébrés. «Ce n'est plus ça.»J'entends tout le monde répéter cette phrase, autour de moi, car j'ai lapassion de ces concours et, depuis la contrebasse et l'alto qui enouvrent la série jusqu'au trombone qui en sonnera tout à l'heure laclôture, je n'en manque pas un. C'est pour moi comme un bain d'émotionjoyeuse et je ne me soucie guère, égoïste que je suis, de savoir s'ilest bon ou mauvais qu'il y ait des concours du Conservatoire et ce quevalent les jugements qu'on y rend, ou à quoi auront servi, dans trenteans, les victoires qui s'y remportent aujourd'hui. J'y vois s'agiter dela jeunesse; j'assiste à des batailles dont le bruit n'est fait que demusique... je jouis des gentils spectacles que donnent l'espérance, lagrâce, l'ardeur de vaincre; je vois (ou je crois voir), çà et là,poindre les grandes renommées de demain et ma vanité s'en réjouit. Onest toujours flatté (pourquoi? je n'en sais rien, vraiment) d'avoir ététémoin de ces débuts-là, de pouvoir dire de l'artiste qu'on acclame: «Jel'ai vu remporter (ou rater) son second prix, il y a quinze ans.»
Mais ils ont raison. «Ce n'est plus ça.» Leur Opéra-Comique est unmonument trop vaste et trop pompeux pour de tels exercices. Il estouvert à trop de gens qu'une badauderie purement mondaine amène là etqui raillent ou bâillent à la vue des choses qu'on leur montre; il y atrop de loges, il y a trop de lustres; il y a trop d'escaliers, surtout,parmi lesquels on se cherche sans se rattraper.
On ne sait plus où se donner rendez-vous pour potiner, pour s'embrasser,pour s'évanouir... Leur vieux Conservatoire était idéalement approprié àtout cela et il n'y a pas de maison où j'aie passé, à Paris, de plusintéressantes minutes. On y étouffait, mais on y étouffait «entre soi»;un mêm