NOUVELLE ÉDITION
PAR
M. PHILARÈTE CHASLES
PROFESSEUR AU COLLÉGE DE FRANCE
«Chaque homme de plus qui sait lire est un lecteur de plus pour Molière».
Sainte-Beuve.
TOME TROISIÈME
PARIS
CALMANN LÉVY, ÉDITEUR
ANCIENNE MAISON MICHEL LÉVY FRÈRES
3, RUE AUBER, 3
1887
Droits de reproduction et de traduction réservés
E. Colin.—Imprimerie de Lagny.
TROISIÈME ÉPOQUE
1664-1666
DRAME PHILOSOPHIQUE ET SATIRIQUE
XV. | 1664. | TARTUFFE[1]. |
XVI. | 1665. | DON JUAN, OU LE FESTIN DE PIERRE. |
XVII. | 1665. | L'AMOUR MÉDECIN. |
XVIII. | 1666. | LE MISANTHROPE. |
REPRÉSENTÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS, A PARIS, SUR LE THÉATRE DUPALAIS-ROYAL, LE 15 FÉVRIER 1665.
Plus d'un déboire avait accueilli Molière à la cour, et sa viedomestique n'était pas de nature à le consoler. Depuis environ deuxannées il avait travaillé à peu près exclusivement pour les plaisirs dumonarque et sacrifié à cette mission, qui était pour lui une sauvegarde,une partie 4 tragique qu'aujourd'hui. Selon le moine Tellez (et cetteidée règne dans toutes ses pièces), qui trompe les femmes estnécessairement puni dans ce monde et damné dans l'autre. Il ne pardonnepas à cet abus de la puissance, de l'esprit de la richesse. Quant à sesvictimes, ce sont de vraies Espagnoles, et non les tendres Allemandes deMozart; elles ouvrent au séducteur un enfer anticipé, en attendantl'autre enfer; terribles personnes auxquelles nul don Juan n'estimeraitprudent de se jouer.
Ce beau sujet, qui non-seulement a couru tous les théâtres de l'Europe,mais qui, sous la main de Molière et de Byron, a créé un nouveau typemoderne, le «don Juan,» et enrichi d'un personnage symbolique